L’opinion a appris avec une certaine indignation les conditions dans lesquelles le Gouverneur du Lualaba, Zoé Kabila, a été déchu ce mercredi par l’Assemblée provinciale. Indignation au regard de cette légèreté avec laquelle les croisés de l’Union sacrée ont exécuté leur besogne au mépris totale des procédures. Simplement pour assouvir des envies de règlement de comptes politiques.
En effet, Zoé Kabila est pratiquement l’unique Gouverneur de province qui avait refusé d’adhérer à l’Union sacrée de la Nation lors de la dernière conférence des Gouverneurs tenue au Palmais de la Nation à Kinshasa. Suffisant, se convainquent les observateurs, pour se faire ainsi descendre. Même les motifs avancés dans la motion de censure ne l’ont été, comme ailleurs avec d’autres Gouverneurs de province, que pour la forme puisque la sentence était déjà arrêtée : Zoé Kabila doit partir.
Zoé Kabila n’était pas notifié et ne pouvait pas se défendre
Mais, à l’instar de ce à quoi la nouvelle mouvance présidentielle a appris aux Congolais, les « croisés » n’ont eu cure des procédures. D’une part, ils étaient parfaitement au courant que le Gouverneur séjourne à Kinshasa depuis plusieurs semaines sur convocation de sa hiérarchie de l’intérieur. De ce fait, il lui était impossible de présenter ses moyens de défense. En toute logique donc, il ne pouvait être que normal d’attendre qu’il soit disponible dans la province.
D’autre part, l’huissier de justice à qui il a été chargé de transmettre la motion indique clairement dans son procès-verbal qu’il lui était impossible de transmettre le courrier à qui de droit. L’huissier mentionne, en effet, qu’il était buté au refus du policier de garde qui lui avait affirmé que les installations du Gouvernorat étaient inviolables. Il était donc reparti avec le courrier sans l’avoir déposé, ce qui signifie que le destinataire n’a pas été formellement notifié.
Félix Tshisekedi va-t-il cautionner ces irrégularités ?
Qu’à cela ne tienne, les députés frondeurs (révolutionnaires ?) ont choisi de boire leur calice jusqu’à la lie. A présent, il est question de savoir comment le Président de la République va se déterminer face à cette situation jonchée d’irrégularité ? Tout dernièrement lors d’un entretien avec les députés et ministres de l’USN, Félix Tshisekedi s’était plaint de l’anarchie qui s’est installée dans les provinces avec leurs assemblées et leurs gouvernements provinciaux. Il avait déploré que cette anarchie déstabilise ainsi ces provinces et entrave leur élan de développement.
Le cas d’espèce avec le Lualaba est symptomatique de ces maux que le chef de l’Etat déplorait voici moins d’un mois seulement. Garant de la Nation, du bon fonctionnement des institutions et dernier rempart du droit, Félix Tshisekedi va-t-il cautionner ces irrégularités en prenant acte de la démission que le Gouverneur Zoé Kabila est censé lui présenter dans les 48 heures ?
A l’instar de sa posture dans l’affaire Ronsard Malonda dont il avait refusé de prendre acte de sa désignation comme Président de la CENI, le chef de l’Etat est alors attendu dans ce nouveau casus qui se pose au garant du droit, de la stabilité et du bon fonctionnement des institutions qu’il est.
Jonas Eugène Kota